« Icebergs », de Tanguy Viel : le feuilleton littéraire de Camille Laurens
Camille Laurens écrivaine Camille Laurens a apprécié cette œuvre d’un grand lecteur et sa bibliothèque borgésienne, regrettant toutefois qu’elle ne comporte pas d’écrivain vivant. Publié aujourd’hui à 20h00 Temps de Lecture 4 min. Article réservé aux abonnés Stefania Infante « Icebergs », de Tanguy Viel, Minuit, 128 p., 13 €. Il y a une quinzaine d’années, à Bari, en Italie, lors des Journées littéraires sur l’extrême contemporain, j’avais écouté avec beau......
Tanguy Viel au Festival de Cannes, en mai 2022. PASCAL LE SEGRETAIN/GETTY IMAGES VIA AFP Il semblerait que France Culture ait décidé de nous faire, en ce début d’été, un bien précieux cadeau. De ceux comme seule peut en offrir la radio, quand le temps et l’espace se déploient autrement, quand, par la force d’une voix seule, de quelques sons et parfois même de silences, nous nous mettons à rêver et à partir ailleurs. Cette fois, direction l’Angleterre. Ou, disons, pour être plus juste et puisque la destinati... ...
Tanguy Viel, à Cannes, en mai dernier. TANGUY VIEL « C’est donc une photo de moi en smoking sur une trottinette, ça se passe à Cannes cette année, pendant le Festival. Il faut préciser que c’est la première fois que je monte sur une trottinette électrique, la première fois que je vais à Cannes et la première fois que je porte un smoking. Evidemment, je ne l’ai pas acheté : j’ai couru tout Paris pour en louer un. Je me souviens d’avoir eu le sentiment d’être vraiment important quand une couturière du 8e a... ...
Au départ prévu comme le deuxième film de Louis Garrel, L'Innocent est finalement le quatrième, après une longue période d'écriture, notamment en compagnie de Tanguy Viel. « Tout ce temps a été très bénéfique pour le scénario », estime aujourd'hui le réalisateur. S'il s'agit de sa première expérience de scénariste, Tanguy Viel a déjà vu deux de ses œuvres adaptées à l'écran : Paris-Brest, adapté à la télévision en 2020 par Philippe Lioret sur Arte, et Insoupçonnable, porté au cinéma par Gabriel Le ... ...
FRANCESCA CAPELLINI LIGNES DE FUITE Il paraîtra peut-être étrange de clore à la fois cette saison et mes trois années de feuilletoniste littéraire par un livre qui ne relève pas de la littérature. La Fabrique de nos servitudes est en effet un essai qu’on pourrait dire politique au meilleur sens du terme. Il est l’œuvre d’un citoyen éclairé soucieux d’analyser la société dans laquelle nous vivons et les dangers mortifères qui nous y menacent, mais aussi de proposer d’autres manières de penser et d’agi... ...
ALINE BUREAU La première fois que j’ai entendu un texte de Penda Diouf, c’était au Festival d’Avignon en 2017, elle faisait une lecture scénique de Pistes, un beau monologue dans lequel son admiration pour l’athlète namibien Frankie Fredericks, vice-champion olympique du 100 mètres et du 200 mètres en 1992 et 1996, lui permettait d’aborder l’histoire de l’oppression à travers une réflexion sur le corps du sportif et celui de l’esclave. Française née en 1981, à Dijon, d’un père sénégalais et d... ...
FRANCESCA CAPELLINI ENTREPRISE DE DÉMOLITION Dès le titre du premier roman de John O’Hara (1905-1970), Rendez-vous à Samarra, publié en 1934, et réédité aujourd’hui dans une traduction révisée, on sait que l’issue en sera tragique. L’auteur met en effet en exergue le célèbre conte oriental selon lequel un homme, à qui la Mort croisée sur un marché de Bagdad avait fait un geste menaçant, s’étant enfui à Samarra pour lui échapper, l’y trouva : ce n’était pas un geste de menace mais de surprise qu... ...
ALINE BUREAU LA VOIX QUI PERSÉVÈRE Lorsque Pierre Seghers, poète, éditeur, créateur de la célèbre collection « Poètes d’aujourd’hui », publie La Résistance et ses poètes, en 1974, il écrit en épigraphe : « Jeunes gens qui me lirez peut-être, pensez-y ! Les bûchers ne sont jamais éteints et le feu, pour vous, peut reprendre… » Alors que les éditions Seghers rééditent les deux volumes de cet ouvrage important, le lecteur ne peut que constater l’affreuse actualité d’un tel présage et la né... ...
FRANCESCA CAPELLINI LE GOÛT DE LA BRIOCHE On entend parfois des éditeurs étrangers donner comme explication à leur refus d’acheter les droits de traduction d’un roman : « C’est trop français », comme si le but, quand on lit un livre étranger, n’était pas de connaître une autre culture, de découvrir une autre approche du monde, comme s’il ne fallait donner à lire au public que des choses qui lui sont déjà familières. « Trop » est ici une forme de censure, un manque flagrant d’ouverture à l’autr... ...
STEFANIA INFANTE UNE JAMAIS DERNIÈRE FOIS Quel que soit le sujet de la poésie, sans doute nous parle-t-elle toujours du temps – du temps qui passe, du temps qu’il fait sur les pommiers comme sur nos vies –, elle est à la fois immanente et métaphysique. Auteur chez Flammarion d’Entre-temps (1997), Echoir (1999), Eté (2005), Eté II (2010), Etc (2016), Et (2020), Bernard Chambaz signe, avec e bientôt muet, la proche fin d’un cycle où, si les titres vont decrescendo, reste ce « divin murmure/ où règne le futu... ...
ALINE BUREAU AUTOPSIE D’UN COUPLE Le 16 juin, ce sera le Bloomsday. Cette fête irlandaise, créée en 1954, a ceci d’exceptionnel qu’elle célèbre un écrivain, James Joyce, en empruntant le nom fictif de Leopold Bloom, l’un des personnages principaux de son chef-d’œuvre, Ulysse (Gallimard, 1929). Ce très long roman se déroule en une seule journée, à Dublin, le 16 juin 1904. L’auteur a confié avoir choisi cette date parce qu’elle correspondait au jour où il avait fait sa déclaration d’amour à Nora... ...